mardi 27 mars 2018

LES DISCOURS DU 18 MARS

Nous continuons ici à
vaillantiser  !

par les AACPParis, le 18 mars 2018.
    








Grâce aux demandes de Michel et aux réponses spontanément favorables des orateurs du National nous pouvons revivre cette exceptionnelle journée – exceptionnelle tant par le symbole qu’elle porte que par la qualité des interventions – avec toute une fidélité elle aussi exceptionnelle. 

Un grand merci pour ces contributions à la fois précises et de portée générale. Je n’oublierai pas de m’y référer et d’y puiser des remarques, puisqu’on m’a demandé de faire à la médiathèque de Vierzon, le 24 mai, une conférence sur mai 68. 



 15h00 : Rassemblement Place Denfert-Rochereau



Roger Martelli - Jean-Louis Robert



ROGER MARTELLI
Nous voici sur cette place Denfert-Rochereau qui fut en mai 1968 un des hauts-lieux de la mobilisation étudiante et, ce faisant, un des symboles de ce qui fut le plus grand mouvement social de l’histoire française contemporaine.
Inutile de se cacher la vérité… La mémoire de la Commune de Paris ne fut pas absente des représentations de ce printemps brûlant. La Sorbonne se voulut « Commune étudiante », les grévistes nantais s’instituèrent en « Commune de Nantes », les barricades du Quartier latin voulaient s’inscrire dans la grande tradition des insurrections du XIXe siècle. Et pourtant, ce n’est pas d’abord à 1871 que pensent les acteurs de 68, mais plutôt au Front populaire ou à Octobre 17.
Ce n’est pas pour autant qu’il soit absurde de raccorder le Paris de la Commune que nous aimons et la France du joli printemps 1968. Comment ne pas faire le lien entre l’effervescence démocratique des comités de 68 et la floraison des clubs et sociétés populaires de 1871 ? Comment ne pas superposer la parole populaire retrouvée du Paris communard et la parole foisonnante et libre des universités, des lycées, des bureaux et des usines occupées ? Comment ne pas raccorder la grande utopie de la Sociale du Paris en révolution de 1871 et le rêve soixante-huitard du « Soyez réaliste, demandez l’impossible » ? Comment ne pas trouver, d’un événement à l’autre, la même passion, le même bouillonnement, la même fièvre, la même confusion toujours joyeuse et parfois brouillonne, le même désir d’une réappropriation populaire des espaces confisqués ?
Ce n’est donc pas un hasard si, dans la foulée de 68, l’image de La Commune a retrouvé son lustre militant, jusqu’à l’apogée de la commémoration de son centenaire, en 1971. Tout se passe comme si l’impulsion de 1968 avait libéré la symbolique de l’autre printemps plus ancien. Contrairement à ce que disait l’éditorialiste du Monde au début de 1968, la France ne s’ennuyait pas. Elle était à la recherche de sens nouveau, d’une autre manière de faire société.
On s’est mis alors à redécouvrir ou à découvrir que la Commune était une construction populaire à la fois « en haut » et « en bas ». On s’est mis à y voir une construction réalisée à des milliers de voix, où des femmes et des hommes, antérieurement politisés ou non, ont essayé de devenir maîtres de leurs vies, dans la floraison des comités de vigilance, des journaux, des clubs, des associations et des coopératives, puis dans le feu des combats contre l’armée de Versailles.
L’année 1968 a été de celles qui se prêtent tout particulièrement à l’idée que, quoi que fassent ses adversaires persistants, la Commune ne peut décidément pas mourir. Danielle Tartakowsky, historienne scrupuleuse de la « montée au Mur », a écrit qu’en 1968, « la Commune a quitté la nécropole, elle retrouve la rue ». Elle a raison. En cette année de cinquantenaire et à quelques encablures du 150e anniversaire de la Commune, nous n’oublierons pas que la mémoire de la Commune n’est jamais aussi forte que quand elle se confond avec les pulsations bouillantes de la vie et que la ville est son territoire.
Vive donc la Commune !


JEAN-LOUIS ROBERT
Avant d’examiner la place des étudiants dans la Commune, il convient de donner des informations sur ce qu’étaient les étudiants de la fin du Second Empire. Rappelons donc qu’on était, bien sûr encore très loin des 500 000 bacheliers annuels actuels En 1870, l’Université avait décerné 4000 bacs moins de 1% d’une génération !
Le nombre d’étudiants était en conséquence très faible encore : peut-être 20000 sur toute la France, quelques milliers à Paris. Tous donc fils de la bourgeoisie la plus aisée ou cultivée (le père de Jules Vallès est un professeur de lycée agrégé).
Des fils de la bourgeoisie, mais pas des filles de la bourgeoisie ! C’est en 1861, à Lyon, que sera admise la première bachelière. En 1871, donc, seulement une poignée d’étudiantes à Paris, avec quelques auditrices libres, souvent étrangères.
Il serait donc facile de voir en ces étudiants destinés à reproduire la hiérarchie sociale une figure de l’Ordre. Il faudra cependant nuancer. La première moitié du 19e siècle a bien vu les étudiants s’engager souvent du côté républicain ; ils sont nombreux sur les barricades en 1830, pendant les Trois Glorieuses, et en février 1848. Mais Juin 1848 marque une rupture. Les étudiants sont fortement présents dans les forces répressives de l’insurrection ouvrière. La fracture de classes est là bien présente : Républicains, oui ! Socialistes, ou collectivistes, non !
Sous le Second Empire, en particulier dans les années 1860, on voit de nouveau les étudiants trouver, nombreux, le chemin du parti républicain. Mais, plus inédit,  une partie d’entre eux va s’engager dans les rangs du socialisme, voir du socialisme révolutionnaire. Ce sont souvent, à l’image de Vallès, des étudiants que révolte l’ordre établi. On sait toute l’influence que Blanqui va avoir sur ces étudiants qui se réunissaient, en 1866, à la Taverne Glaser, rue Saint-Séverin : Rigault, Vaillant, Eudes, Vuillaume, Protot, Pilotell, Da Costa et bien d’autres que nous retrouverons au premier plan lors de la Commune. Mais ils ne sont alors plus étudiants.
Nous voici arrivés aux étudiants de 1870-1871. Soulignons d’abord des conditions très particulières. Avec le siège, les facultés doivent interrompre une grande partie de leurs cours. Des étudiants sont partis en province, d’autres ont été mobilisés dans l’armée. En fait la reprise générale des cours était prévue pour la fin de mars 1871 pour l’ensemble des facultés parisiennes. Elle n’eut pas lieu. Après le 18 mars les doyens des deux principales facultés, droit et médecine, partirent à Versailles et annulèrent la rentrée... En lettres et en sciences, quelques cours eurent lieu, mais nombre de professeurs étaient partis.
Force est alors de constater que le rôle des étudiants pendant la Commune fut minime. Non seulement, ils ne furent pas les déclencheurs du mouvement comme en 1968 (pas de 22 mars 1871 !) ; mais même nous trouvons très peu d’étudiants dans les rangs communards, pourtant très largement ouverts aux jeunes. Une recherche dans le Maitron, complétée par quelques autres sources fait péniblement apparaître une quarantaine de noms. Les étudiants en médecine arrivent assez nettement en tête : assez nombreux sont ceux qui ont accepté des fonctions d’aide-major dans les bataillons de la Garde nationale.
Mais il n’en reste pas moins que la Commune rencontre des difficultés à entrainer le plus grand nombre des  étudiants. Ainsi une réunion des étudiants en médecine refuse de s’associer à la démarche de la Commune pour rouvrir la faculté de médecine.
N’en restons pas sur cette vue. Comme souvent, la Commune est un moment d’innovation, car libérant les énergies et les initiatives démocratiques. Comment des étudiants y auraient-ils échappé ! C’est ainsi que va naître une association qui n’est rien d’autre que la première mouture d’un syndicalisme étudiant (non une simple corporation étudiante), vingt ans avant les premières créations d’associations générales étudiantes : Au début de mai est créée l’Association (ou fédération) républicaine des écoles, qui se fixe « un but politique », « le triomphe de la République universelle », « un but scientifique » et « un but matériel ».
Cette association, toujours d’esprit vraiment républicain, nous la voyons évoluer d’une politique plutôt conciliatrice à une politique de plus en plus radicalement anti-versaillaise. Mais nous n’avons aucune idée de son importance.
Pour conclure, les étudiants de 1871 paraissent bien profondément éloignés socialement du peuple communard. Ils ne sont pas comme c’est le cas en mai 68 au cœur du mouvement social. Le plus grand nombre paraît avoir été indifférent, voir hostile à la Commune. Cependant, la génération étudiante du Second Empire est bien présente dans la Commune, génération de jeunes républicains dont une partie s’est radicalisée au contact du parti ouvrier naissant.
Enfin dans l’élan démocratique et d’innovation que représente la Commune, des étudiants veulent inventer l’avenir, fondant la première forme du syndicalisme étudiant, un syndicalisme défendant « la liberté et la justice. ».




15h30 : Monument aux Fédérés du cimetière du Montparnasse

Marc Lagana

MARC LAGANA
Le XIVe résiste : 

 Dans ce lieu de mémoire j’aimerais évoquer la résistance des communards dans le XIVe arrondissement au début de la semaine sanglante.
Le 21 mai 1871 l’armée française entre dans Paris, c’est le début d’une répression féroce.  
Le 14e est occupé par les versaillais les 22 et 23 mai.  Dès le 22 mai l’armée du général Cissey enlève la porte de Vanves et arrive aux abords de la gare Montparnasse.  Eugène VARLIN est sur la barricade de la rue de Rennes.  Maxime LISBONNE tient celle de la rue Vavin.
Mais c’est la mairie du XIVe qui devient un centre de résistance – avec le cimetière Montparnasse et la Place Saint Pierre de Montrouge (actuel Place Victor et Hélène Basch).
Les combats les plus vifs ont lieu le 23 mai sur les barricades autour du cimetière Montparnasse occupé par les communards.  D’ALLEMANE, qui dirige les combats, constate que les Gardes nationaux se battaient à un contre six. 
A Saint-Pierre de Montrouge un canon de campagne est installé par les communards dans le clocher de l’église.  Après la prise des barricades du carrefour de Saint-Pierre de Montrouge par Boulanger (à l’époque colonel), on estime à une quarantaine (dont la dizaine qui sont pris dans le clocher) le nombre d’exécutions sommaires sur le parvis de l’église Saint-Pierre.
Le soir du 23 mai, les quelques 45 barricades sont prises et les versaillais sont maitres de tout le 14e.  Les combats vont se déplacer vers les 5e et 13e arrondissements. 
Quand la résistance s’effondre dans le 14e, des centaines de gardes nationaux se réfugièrent dans les catacombes, où il y a eu encore des combats et des exécutions. Un journaliste de « L’Illustration » a décrit la scène :
Horrible dût être cette lutte suprême, à la rouge lueur des torches éclairant étrangement les visages contractés des combattants.  Piétinement furieux, cris de colère et crie de douleur, râles d’agonie, et le cliquetis des baïonnettes et les détonations …
Certains communards perdus y sont morts de faim et de soif.

-2-
Le cimetière Montparnasse devint un des principaux lieux d’enfouissement des communards exécutés sommairement ou tues au combat.  On peut estimer à entre 1600 et 2000 le nombre de ceux qui reposent dans les fosses au pied du monument.  Mais, tous les morts ne sont pas ici.  On enterra aussi au voisinage du cimetière.  Des ossements furent ainsi retrouvés lorsqu’on creusa les fondements de nouvelles maisons rue Froidevaux.
Le modeste monument aux fédérés ici rappelle le souvenir de tant de combattants qui moururent pour défendre la république démocratique et sociale.
La Commune n’est pas morte !  Vive la Commune !



15h50 : devant le 131 avenue du Maine


Jean-Louis Robert

JEAN-LOUIS ROBERT
Nous sommes ici à quelques mètres de deux endroits stratégiques du mouvement social du 14e

Au 91 chaussée du Maine, actuellement, 133 avenue du Maine, s’est installé le commandement de la 14e légion de la Garde nationale, quelques jours avant le 18 mars. C’est le concierge de l’immeuble, un cordonnier rouge, Badinier, qui leur signala que l’emplacement était libre… Et au 10 rue Maison-Dieu, se trouvait la maison Paysan, un des cabarets-bals les plus connus du 14e arrondissement (il n’en reste rien). Ce Paysan avait des fortes sympathies pour la République et la Commune ; il commanda le 46e bataillon,  et c’est là que se tinrent dès la fin du Second Empire, puis pendant le siège et la Commune les réunions des clubs et des associations démocratiques.
Les deux lieux sont aussi stratégiques car ils sont à proximité de la mairie et du pouvoir municipal, mais aussi à la lisière du quartier de Plaisance, quartier alors un des plus misérables de Paris, et aussi prolétarien que Belleville ; on parle alors couramment du « Belleville de la rive gauche ». Quartier qui fournit au 14e le plus grand nombre de communards.
La Garde nationale est souvent pensée comme une seule organisation de combat militaire que ce soit, pendant le siège ou pendant la Commune ; mais la Garde nationale, c’est aussi une composante décisive du peuple en mouvement qu’est la Commune de Paris. Retenons-en quelques aspects
La démocratie : la garde nationale, organisation de soldats-citoyens, connaît une vie démocratique intense. Outre les conseils de famille et les délégués au comité central, tous les grades du caporal au colonel commandant de la Légion, en passant par les chefs de bataillons sont éligibles. Même les chefs de musique des bataillons sont élus… Ce qui multiplie les assemblées de compagnies, de bataillons, de délégués…
Ceci n’allait pas sans une certaine instabilité. Ainsi pendant la Commune, six chefs de légion se succédèrent pendant la Commune ! Le record de brièveté est atteint par Maxime Avoine nommé le 4 mai par Rossel qui voulait reprendre la garde nationale en main et qui est réfuté dès le lendemain par l’assemblée des délégués de la 14e légion qui lui préférèrent pour quelques jours Michel Belin, un employé de commerce  ! Notons aussi  Lucien Henry, élu le 11 mars, un jeune artiste peintre de 21 ans, Louis Wetzel, un officier alsacien, destitué par les délégués et remplacé, d’abord provisoirement le 22 avril par Henry Menet, lieutenant de chasseurs à pied, puis  le 25 avril par Charles Piazza, un Italien de 34 ans, que ses hommes menaceront de fusiller pendant la semaine sanglante !
 On voit bien, à travers cet exemple combien était agitée la vie démocratique de la 14e légion ; mais aussi comment sont propulsés par cette même vie démocratique à la tête de la légion des hommes à qui était interdite la citoyenneté : un jeune de 21 ans, un étranger. 
Mais la Garde nationale c’est aussi, bien sûr, le mouvement populaire qui occupe, dès avant le 18 mars, l’espace du 14e (le 91 est occupé dès le 6 mars et les gardes refusent d’obtempérer aux ordres du maire qui veut leur faire quitter les lieux). Le 18 mars, à 5H du matin, Henry fait battre le rappel de la légion ; dans la matinée des bataillons du 14e sont adjoints à Duval pour l’occupation de Paris, d’autres occupent la mairie du 14e où Henry s’installe dans l’après-midi. C’est une des toutes premières mairies occupées par les communards. Henry fait élever des barricades aux emplacements stratégiques. Les commissariats de police sont également occupés par la garde nationale et leurs commissaires arrêtés.
La Garde nationale va ensuite gérer la mairie du 14e, assistée d’une première commission municipale jusqu’à l’élection de la Commune, assurant l’ordre, prenant les premières mesures indispensables au ravitaillement des habitants.

Les clubs 
Nous connaissons moins bien la vie des clubs dans le 14e. Leur rôle fut particulièrement important pendant la campagne électorale du 26 mars par l’élaboration d’un programme impératif pour les trois élus du 14e :

Dimension démocratique – un nouvel Etat
-Le mandat impératif / l’élection des commissaires de police devenant des délégués municipaux / l’élection de la justice de paix / le droit d’association / suppression immédiate des armées permanentes / tous les emplois civils au concours
-Séparation église état /suppression du budget des cultes /  laïcisation immédiate des écoles / remplacement des bureaux de bienfaisance par des bureaux civils

Dimension sociale
Gratuité totale de la justice civile, de l’instruction à tous les degrés
Suppression des saisies immobilières
Impôt unique et progressif sur le foncier.
Abolition de tous les monopoles, privilèges..
Remplacement des bureaux de placement privés par un bureau municipal en lien avec les syndicats
Abolition de la prostitution

On connaît moins ensuite l’action des clubs. Le 30 avril, un club s’installe dans l’église Saint-pierre de Montrouge, plus vaste, divisée en deux de manière pittoresque, le chœur aux fidèles, la nef au peuple. Un autre club s’installe le 10 mai dans l’église notre dame de Plaisance. Comme dans les autres clubs parisiens, les réunions y étaient quasi quotidiennes le soir. On y discutait jusqu’à des propositions les plus extrêmes comme celle faite le 19 mai de « la déchéance de la Commune qui n’est pas assez révolutionnaire »…



16h10 : devant le 147 rue du Château

Françoise Bazire

FRANÇOISE BAZIRE
18 MARS 2018 : La Marmite


Nathalie Le Mel et Eugène Varlin sont deux figures emblématiques du mouvement ouvrier du 19e siècle et de la Commune de Paris 1871.
Tous les deux adhèrent à l’international en 1865. 

Pour Eugène Varlin, je cite « Outre le soutien aux grévistes et la dénonciation de la politique réactionnaire de l’Empire, il faut continuer à mettre en place d’autres moyens susceptibles de resserrer les liens quotidiens entre les travailleurs, d’élever leur niveau de conscience et de les préparer à prendre en main tous les aspects de la vie après la Révolution sociale ».

C’est ainsi qu’il crée et anime avec des camarades une coopérative de consommation « La Ménagère », et que, dans la même ligne, il va lancer l’idée d’un restaurant ouvrier « La Marmite ».

Entouré d’amis sûrs, les relieurs : Léon Gouet, Juste Boullet, Alphonse Delacour,de la relieuse Nathalie Le Mel, des internationalistes (Bourdon, Lagneau et son frère Louis) il va lancer un appel en janvier 1868 dont je vous lis un extrait :


AUX OUVRIERS ! AUX OUVRIÈRES ! AUX CONSOMMATEURS !
APPEL POUR LA FORMATION D’UNE CUISINE COOPÉRATIVE
Depuis quelques années, les ouvriers ont fait de grands efforts pour obtenir l’augmentation de leurs salaires, espérant ainsi améliorer leur sort. Les spéculateurs prennent leur revanche et font payer cher les aspirations des travailleurs en produisant une hausse excessive sur tous les objets de première nécessité et particulièrement sur l’alimentation.
Travailleurs, consommateurs, (…) l’association libre, en multipliant nos forces, nous permet de nous affranchir de ces parasites dont nous voyons chaque jour les fortunes s’élever aux dépens de notre bourse et souvent de notre santé...

C’est à Nathalie Le Mel que Varlin propose la direction de « La Marmite », leurs deux signatures figurent côte à côte au bas du document de sa fondation. Nathalie tient la caisse et les comptes.

L’objectif de « La Marmite » est de fournir une nourriture saine et équilibrée préparée par des professionnels. Les plats confectionnés pouvaient être emportés ou pris sur place. 
Installée, à l’origine, 34 rue Mazarine (6e ), et, ensuite, 8 rue Larrey (5e ) , « La Marmite » rencontre un grand succès et il faut rapidement installer trois succursales autonomes  : 40 rue des Blancs-Manteaux (4e ), 20 rue Berzélius (17e ), 42 rue du château (14e ).
Sans luxe « Les Marmites » étaient proprement tenues, des tables nettes, des chaises confortables, une saine odeur de bonne cuisine, des plats abondants et des additions modestes attiraient et retenaient la clientèle. 
Le succès des différents groupes de la Marmite est certes dû à la qualité des prestations offertes, mais également parce que c’est un lieu d’échanges, de débats. Il règne aussi une ambiance de convivialité comme en témoigne Charles Keller :
« On y prenait des repas modestes, mais bien accommodés, et la gaîté régnait autour des tables. Les convives étaient nombreux. Chacun allait chercher lui-même ses plats à la cuisine, et en inscrivait le prix sur la feuille de contrôle qu’il remettait avec son argent au camarade chargé de le recevoir.

Généralement on ne s’attardait pas, et ,pour laisser la place à d’autres, on s’en allait après avoir satisfait son appétit.

Parfois cependant, quelques camarades plus intimes prolongeaient la séance et l’on causait. On chantait aussi. Le beau Baryton Alphonse Delacour nous disait du Pierre Dupont, le « chant des ouvriers ». 
La citoyenne Nathalie Le Mel ne chantait pas ; elle philosophait et résolvait les grands problèmes avec une simplicité et une facilité extraordinaires. Nous l’aimions tous... » 

Le bon fonctionnement des Marmites repose sur des dévouements bénévoles, je vous lis un témoignage recueilli par Lucien Descaves au début du 20e siècle : 
« Le personnel, le plus souvent des brocheuses, sans travail, ne recevait aucune rétribution, ce qui ne l’empêchait pas d’être le matin à la première heure aux Halles pour acheter les provisions de la journée.
Dans ce milieu régnait du reste un véritable esprit phalanstérien, on ne le raisonnait pas, mais on le pratiquait d’instinct ». 

Après la Commune, les proscrits, qui n’avait pas oubliés les cuisines de Varlin, songèrent à pallier à leurs misères en ouvrant des  Marmites. Ceux de Genève ne réussirent pas. Mais à Londres, Elie May, La Cécilia et Constant Martin installèrent une Marmite Sociale, dans un immeuble rue Ruppert Street. Toutes les ressources étaient mises en commun et l’accueil de cette Marmite était si spontanément  fraternel que la maison, puis le quartier, devinrent en peu de temps l’asile de tous les réfugiés politiques à Londres.

Vive la Commune  !




16h30 : sur le parvis de la Mairie du XIVe

Jean-Pierre Theurier


JEAN-PIERRE THEURIER
Communard du 18 mars 2018 : XIVe arrondissement
Dernier arrêt : Mairie de Paris

Nous sommes maintenant devant la Mairie du XIVè arrondissement.  Le premier obus prussien tiré le 5 janvier 1871 la visait, … et il finit par atterrir rue Daguerre, juste derrière.


Nous pouvons illustrer l’histoire du XIVè arrondissement sous la Commune au travers de la trajectoire personnelle d’un de ses membres les plus éminents. Eminent et injustement  oublié : Jules Martelet.


Né dans la Marne, il vint s’établir à Paris en 1863 à l’âge de 20 ans. Il partage ainsi l’origine provinciale  de ¾ des communards du XIVe arrondissement.

Il est peintre sur verre puis peintre décorateur. C’est un ouvrier- artisan, c’est un artiste. Et nous retrouvons là encore une caractéristique  du XIVe qui comprend un prolétariat miséreux, en particulier à Plaisance, mais également des artistes, parfois connus comme  Courbet et Vallès qui se retrouvent au Café des Milles Colonnes (rue de la gaité), mais le plus souvent  modestes (7% des communards identifiés sont des artistes). On trouve ainsi dans le XIVè un mélange spécifique de bohème et de résistance.

Après le 4 septembre 1870, Martelet s’engage dans le fameux 136e bataillon de la Garde Nationale. Il s’agit d’un bataillon créé par une dizaine de typographes qui en 2 jours recrutera plus de 1000 citoyens, dont 600 typos ! On l’appellera d’ailleurs le bataillon des typographes !


Durant le Siège, Martelet est proche des blanquistes et collabore à La Résistance, « organe démocratique du XIVe arrondissement ». Il est membre du Comité Central Républicain des vingt arrondissements et à ce titre l’un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871. 

Il prend part aux journées révolutionnaires des 31 octobre 1870 et 22 janvier 1871.
Il est membre de l’Association Internationale  des Travailleurs.

Il est l’ « un des promoteurs les plus actifs du 18 mars », puisqu’il s’empare de la mairie du XIVe arrondissement  et à 14h le drapeau rouge flotte sur la Mairie.


Il est élu le 26 mars comme représentant  du 14è au Conseil de la Commune, en compagnie de :


-   Baptiste Descamps, ancien mouleur sur cuivre devenu garçon de bureau.

- et Alfred Billioray, un autre artiste peintre, 1er élu, par 6100 voix sur 6500,  sans s’être présenté ! (tout à fait dans l’esprit de l’affiche  du Comité Central de la garde Nationale appelant aux élections le 25 mars 1871)). Il mourut en déportation sur la presqu’ile Ducos en Nouvelle Calédonie.

Comme on le voit les artistes sont particulièrement représentés chez les responsables de la Commune puisqu’au 2/3 les leaders de la Commune sont des artistes.


Nous pouvons également citer le peintre Pouget qui, au sein de la Commission Municipale désignée par les maires, assura un important travail de gestion courante, si l’on en juge par le nombre de documents administratifs qui portent sa signature.


Pendant la Commune, Martelet  siège à la commission des Services publics. Il est le plus présent sur le terrain, intervenant dans tous les domaines : enseignement, conditions de travail, aide aux nécessiteux, prise en charge des orphelinats, etc. Il célèbre 5 à 6 mariages par semaine à la Mairie. (Mariages qui ne seront pas reconnus après la Commune et seront donc bâtonnés sur les registres).


Le 12 avril Jules Martelet est le représentant de la Commune lors de l’inhumation de Pierre Leroux, Pierre Leroux, le typographe, le théoricien du socialisme et l’inventeur du mot socialisme en mars 1834.


Il participe aux combats de la semaine sanglante au cours desquels la mairie du XIVe deviendra un centre de résistance. Une fois la mairie tombée, les combats se poursuivent vers l’église St Pierre de Montrouge où ils seront terribles. On estime le nombre de fusillés dans l’arrondissement à 500.


Le 28 mai Jules Martelet est avec le dernier carré rue de la Fontaine-au-Roi.  Il réussit à se cacher près de la porte des Lilas, chez Mme Cholière puis il s’exile en suisse, en Belgique, enfin à Londres. 


Il revient s’installer dans le XIVe à partir de 1881 où il aura un rôle très actif dans le développement du socialisme au sein de l’arrondissement. 


Il sera enfin l’un des premiers secrétaires de la Fraternelle des anciens combattants de la Commune, ancêtre de notre  association.


Il meurt à Ivry en 1916.


Vive Martelet ! Vive le XIVe !  Vive la Commune !












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 ce qui s'est passé un
27 mars
pendant la vie d'Edouard Vaillant








NOTRE PRESENCE (EVENTUELLE) DANS LES SALONS DU LIVRE


Mers-sur-Indre (36) (28-29 mars)
Châteauroux (36) (21-22 avril)
Decize (58) (6 mai)
Le Blanc (36)  (18-20 mai)
Quincy (18) (9 juin)
Châteaumeillant (18) (19 août 15h)
Saint-Amand-Montrond (18) (22-23 septembre 14-19h plus dimanche 10h45 Drevant )
Souesmes (41) (dimanche 7 octobre 10h-19h)
Saint-Doulchard (18)   (13-14 octobre)
Saint-Gaultier (36)  (14 octobre) 
Sagonne (18) (21 octobre)
Vierzon (18) (17 novembre): T'as voulu lire Vierzon (Brel)

Boussac (23) 
Mortroux (23)







Rentrée littéraire de septembre 2016 
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome II : Le grand socialiste.



500 p.  19,80 €
560g  
les 2 volumes 1044g 





















vaillantiser v tr dir 
Action de redonner tout son lustre, tout son éclat, toute son importance, à une personnalité qui la méritait amplement et que l’histoire avait oubliée malencontreusement sur le bord de son chemin. 
Plus simplement :
Action de remettre dans la lumière de l’histoire quelqu'un qui en avait été indûment écarté.  

Ex : "C’est en 2015 que pour la première fois on a vaillantisé quelqu’un, et ce quelqu’un, c’était Edouard Vaillant lui-même." 


Employé absolument, le verbe a pour complément d'objet implicite le nom propre "Vaillant". 

Ex : "Le dernier numéro de notre bulletin  vaillantise." 


N’hésitez pas, qui que vous soyez, à l'employer partout par exemple dans des phrases du genre : Ils veulent vaillantiser Vaillant, etc. 


Et bien entendu le dérivé "vaillantisation" en découle naturellement. 




TOUTES NOS DATES IMPORTANTES




Rentrée littéraire de septembre 2015
Je te parle au sujet d'EDOUARD VAILLANT
Tome I : La tête pensante de la Commune.



374 p.  18,80 €
484g  
les 2 volumes 1044g 








L'EDITEUR





LES POINTS DE VENTE

18

Vierzon 

 Maison de la presse Catinaud  (9 rue Voltaire)


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 Presse tabac Mongeot (4 rue du Mouton)



Bourges 

 La Poterne


Cultura Saint-Doulchard


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Référencement national - partout en France - dans les magasins Carrefour.
(S'il n'est pas en rayon, demandez-le).












36

Châteauroux 

 Cultura Saint-Maur



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COMPTES-RENDUS DU LIVRE


11 3 16   JEAN ANNEQUIN BLOG COMMUNE DE PARIS

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La pensée d’Edouard Vaillant représente l’adaptation la plus parfaite du socialisme scientifique à notre tempérament national. 
(Jean Jaurès)




Vaillant n'est pas seulement un grand homme pour Vierzon, il est un grand homme pour l'histoire.

                                                                                                              (Vaillantitude)



La vaillantisation est une entreprise collective qui rassemble, et c'est tant mieux, des personnes de convictions différentes et variées qui ne regardent qu’elles. Les rapprochements avec l’actualité récente et les éventuels commentaires personnels induits n’engagent que l’auteur du blog et lui seul. 



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